05 Oct
05Oct

« Les autres hommes croient savoir quelque chose, alors qu’ils ne savent rien ; 

mais moi, qui ne sais rien, je ne crois pas savoir ce que je ne sais pas ».

Socrate

          Par son genre de vie et ses idées, Socrate eut une très forte influence sur l’Athènes classique du Ve siècle avant J.C. Jugées dangereuses, ses propos lui valurent la mort : il se considérait comme chargé d’une mission divine : convaincre les hommes de leur ignorance, et chercher avec eux le moyen d’accéder à la connaissance véritable du bien et du bonheur, ce qui eut tendance à gêner les entournures des puissants de son époque… 


Douter pour penser 

          D’abord disciple d’Anaxagore pour qui l’Intelligence, l’Esprit, le noûs est le principe générateur de toutes choses et existe pour soi de façon entièrement indépendante de ce qu’elle a créé, Socrate se détourne de son maitre, car il n’y trouva pas de théories satisfaisantes pour expliquer l’origine des choses, toutes les théories en vogues à son époque se réduisant à des explications par les éléments matérielles (Empédocle, Leucippe & Démocrite). Selon lui, le hasard n’existe pas et les choses matérielles son produites en vue d’un but : elles ont leur cause dans l’Intelligence. 

Socrate voit dans l’organisation du corps humain, et surtout dans les caractéristiques spécifiques de l’âme humaine, l’œuvre d’une Intelligence divine, d’une bonne et sage Providence désirant que l’être humain s’élève au-dessus de sa condition matérielle pour accéder aux hautes sphères de l’Esprit. Avec un optimisme sans doute propre au contexte florissant de son époque, Socrate trouve donc l’image de l’Intelligence divine dans l’être humain. Il affirme que la Providence nous a donnée une âme intelligente pour que nous puissions trouver le bonheur, mais Emmanuel Kant, avec plus de 2000 ans de retour d’expérience, reste sceptique en disant que « si la Providence avait voulu que nous fussions heureux, elle ne nous aurait pas donnée l’intelligence ». 

Cependant, Socrate est le fruit de son époque et considère que le corps humain est la preuve la perfection de l’Esprit divin qui gouverne l’Univers. En outre, même si nous ne pouvons la percevoir, notre âme gouverne notre corps comme l’Esprit gouverne toutes choses. C’est dans cette analogie que réside l’essence même de la philosophie de Socrate : étant doué d’intelligence, l’être humain possède un quelque chose de plus que les autres êtres vivants, une grande clarté qui remplit le cosmos, car l’âme participe au divin. C’est là également que réside le sens profond de la sentence gravée sur le fronton du temple de Delphes à laquelle Socrate fait souvent référence : Connais-toi toi-même. Pour nous connaitre nous-mêmes, nous devons considérer notre âme en tant que fragment de l’Intelligence divine. 

Sans doute inspirée par les groupes orphico-pythagoricien, Socrate fait cependant passer la théorie de l’immortalité de l’âme à un stade supérieur en l’incarnant de façon pratique, faisant alors figure d’exemple dans l’histoire des idées. Cette incarnation fit prendre à cette théorie une force nouvelle, grâce à laquelle elle traversa les âges et porta l’avenir de la pensée humaine. 


La voix divine 

          Socrate avançait que la divinité ne communiquait pas seulement avec les hommes via des signes, songes et oracles, mais aussi une « voix » qu’il se disait capable d’entendre dans les moments de grands dilemme moraux pour lui dicter sa conduite. Selon lui, tout les êtres humains sont capable d’entendre cette voix que nous pouvons rapprocher de la conscience morale, le « petit ange » sur notre épaule qui nous dit ce qui est la meilleure chose à faire dans les circonstances difficiles. 

Cette croyance de Socrate lui value de grave problème avec les autorités athéniennes qui qualifièrent cette idée de contraire à la religion d’état. Socrate n’a jamais cessé d’honorer les dieux de la cité, mais il ne croyait pas à leur réalité. La mythologie grecque était pour lui un amas de fables représentant l’Intelligence divine à travers le prisme faussé des passions humaines. Le fond de sa pensée étant que les dieux grecques représentent, de multiples manières, la Providence qui gouverne l’Univers. 

Socrate sera finalement condamné à mort en buvant la cigüe, un poison engourdissant le corps jusqu’à éteindre les fonctions vitales. Mais Socrate ne craint pas la mort : dans la continuité de ses idées, il affirme l’immortalité de l’âme et sa capacité a subsisté, par elle-même, après la destruction du corps et, littéralement sur son lit de mort, devant ses disciple, se compare aux cygnes qui chantent lorsqu’ils sentent qu’ils vont mourir. Il exhorte ses disciples en leur disant que s’ils chantent, ce n’est pas qu’ils craignent la mort, car appartenant à Appolon, ils sont devins et connaissent les joies de l’au-delà ; s’ils chantent mieux qu’ils n’ont jamais chanté avant leur mort, c’est qu’ils sont heureux de rejoindre le dieu qu’ils servent, tout comme Socrate, se disant lui aussi au service d’Apollon, se réjouis au moment de mourir.

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