16 Nov
16Nov

« Nul n’est méchant volontairement »

Socrate

          Partie de sa philosophie souvent assez difficile à cerner, Socrate affirme qu’il suffit de connaitre le bien pour faire le bien. Non seulement faire le bien suppose de savoir ce qu’est le bien, mais de plus, de la science du bien découle nécessairement l’action bonne : la science du bien est suffisante pour faire le bien. Explications. 


Le bonheur réside dans le Bien 

          Commençons par nous resituer dans le système de pensée de Socrate. Pour lui, la science est l’acte de l’âme dans son entièreté, et l’âme est elle-même tout entière intelligence. La science est donc dans l’être humain la force la plus grande à laquelle aucun esprit ne saurait résister. Ainsi Socrate fait du bien quelque chose d’identique au bonheur. 

Lorsque qu’une personne vie en parfaite harmonie avec l’intelligence, qu’elle devient « sage », qu’elle atteint le bien auquel elle est destinée, alors elle vit sa vie divine : elle est heureuse. D’où une autre phrase ambiguë de Socrate : « Mieux vaut subir l’injustice que la commettre », car si nous recherchons tous le bonheur, le bonheur étant de vivre en parfaite intelligence, alors nous recherchons le bien. Si nous tombons dans le mal, c’est parce que nous nous trompons sur ce que nous pensons être le bien, et dons sur ce qu’est notre bonheur. Dit autrement, lorsque nous faisons le mal, nous sommes victime de notre ignorance qui nous fait agir contrairement à ce que nous voulons au fond de nous, du fond de notre âme. 

Socrate fait souvent référence à cette voix qu’il entend — et qui est sa conscience — qui se réveille pour lui porter conseille, lorsqu’il doit faire un choix engagent son âme sur l’un ou l’autre chemins du mal ou de la vertu. La science du bien est ce qui nous permet d’entendre ce que nous crie notre âme, au contraire du juge aux oreilles d’ânes du tableau de Botticelli, La calomnie, qui se laisse entrainer, comme par lassitude et refus de trancher, par les ragots des femmes qui l’entoure le voulant faire condamner un innocent. Socrate, au nom de la vertu et de la justice, à lui-même refuser de mentir à son procès pour se sauver, puis refusé de fuir sa prison alors que le gardien avait été soudoyé par ses disciples 


Bonheur et plaisir 

          Socrate enseignait à se défaire des sources de jouissance matérielles pour se concentrer le retour en son for intérieur, le bonheur spirituelle, seul vraie source de joie, contre les plaisir physiques, asservissement de l’âme au corps. Pour lui, le bonheur consiste dans l’indépendance de soi vis-à-vis des servitudes matérielles. Briser cette mise en esclavage permet à l’homme de participer au divin, en trouvant au lui-même ce pour quoi son âme existe. 

Le vrai plaisir n’est pas celui issus de du ventre, du sexe et des divertissement en tout genre, mais du plaisir constant de vivre vertueusement, en adéquation avec notre nature profonde qui est l’intelligence. Il nous est donc nécessaire, enseigne Socrate, de cultiver la maitrise de soi-même, car celui qui cède à la moindre de ses pulsions et se rue vers les plaisirs les plus instantanés perd de vue les plaisirs plus grands. Au contraire, la personnes vertueuse sait ignorer les plaisir immédiats, sait endurer la privation, pour jouir véritablement du bonheur, qui est celui de l’âme, mais pas seulement. Socrate ne dénigre pas fondamentalement le corps comme source de vices, mais nous apprend à nous conduire vertueusement pour éviter les excès, et conserver notre corps en santé. 

C’est la tempérance, le contrôle de soi, qui nous permet de discerner ce qui nous est vraiment utile, et c’est elle qui nous permet de véritablement jouir des plaisirs du corps en limitant les conséquences néfastes — physiques ou morales — qui peuvent résulter des plaisirs corporels. Ce n’est donc pas un hasard si les êtres humains recherchent le bien, car il se confond avec le beau et l’utile. Les choses sont jugées belles par rapport à l’utilité que nous en retirons, et c’est parce que nous recherchons ce qui nous est utile et agréable que nous recherchons le bien. 

L’effort de Socrate aura été de persuader ceux qui voulait bien l’écouter qu’il est dans leur intérêt de faire le bien. C’est parce que l’être humain est de nature divine, de par son âme intelligente, qu’il doit chercher à faire le bien pour être en harmonie avec sa nature profonde. Socrate nous dit que ce désir profond de faire le bien est ce qui nous permet de nous diriger de toutes nos forces vers notre bonheur. 


Une révolution morale 

          La grande idée socratique de la science du bien fut une révolution en son temps, a une époque où la cité d’Athènes est en pleine guerre avec la cité de Sparte et que les scandales politiques — notamment d’un certains Alcibiade, disciple de Socrate — se succèdes. Cette vision selon laquelle nul n’est méchant volontairement, aussi paradoxale qu’elle soit, aura une grande postérité, et réglera de plus en plus la pensée occidentale des siècles et millénaires qui suivront sa condamnation à mort. 

Cependant, là où Socrate interpellait ses contemporains à ne pas chercher l’origine des choses dans une cause naturelle, mais en nous-même, en notre âme, son principal disciple produira une nouvelle conception de l’univers. Platon, grâce au enseignements de son maitre, remontera par-delà les choses naturelles le fil de la causalité pour trouver la source de leur naissance : à la philosophie de la nature des atomistes et des sophistes va succéder la philosophie de l’Idée.

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